Celebration

Heritage Project

Description

L’histoire du binôme Lang/Känzig commence en 1994. Et étonnamment ce n’est pas le pianiste qui a engagé le contrebassiste, mais le contraire. «Je jouais à Chorus à Lausanne, avec Art Lande et Kenny Wheeler, se souvient Heiri Känzig. Avant le concert, ils ont passé un disque qui m’a fait tendre l’oreille. On m’a dit que c’était Thierry Lang, que je ne connaissais pas, et j’ai tout de suite eu envie de le rencontrer et de lui proposer de jouer avec moi».

C’est ainsi que les deux hommes se retrouvèrent bientôt en studio pour enregistrer deux disques sous le nom du contrebassiste zurichois, dont un en quartette avec le saxophoniste Charlie Mariano.

25 ans d’une complicité musicale sans faille et d’une amitié à toute épreuve.

Pour Thierry Lang, cette rencontre tombait à point nommé. Dans la foulée du succès de Private Garden, élu meilleur album de jazz de l’année au Japon, il venait de signer un contrat avec le label Blue Note et avait urgemment besoin d’un nouveau contrebassiste capable de le stimuler, de lui «redonner un coup de fouet», selon ses propres mots.

«Peu après notre rencontre, nous avons eu l’occasion de nous produire en duo dans une émission de la télévision romande. Et pendant qu’on jouait, j’entendais des coups sourds et je me suis aperçu que c’était Heiri qui tapait la mesure du pied contre son instrument. Là je me suis dit que c’était le contrebassiste qu’il me fallait.»

Son intuition était bonne : dès lors, Heiri Känzig est devenu un partenaire indispensable dans les multiples projets du pianiste. Ensemble, ils ont enregistré une bonne quinzaine de disques – dont six pour le label Blue Note – et joué dans d’innombrables salles, clubs et festivals à travers le monde.

Aussi différents soient-ils de caractère, les deux hommes se complètent admirablement et ont atteint au fil des ans une complicité quasi télépathique. Habituellement calme et discret, Heiri Känzig se révèle particulièrement expressif en concert : trépignant, grognant, soufflant, il fait sonner son instrument comme personne, alliant la puissance et la profondeur d’un Charlie Haden à la virtuosité d’un Niels-Henning Ørsted Pedersen. Thierry Lang, c’est le contraire : à la ville on le connaît volontiers gouailleur et extraverti, toujours prêt à raconter une bonne histoire, alors que sur scène on découvre un musicien ultra concentré, adepte du «less is more», sans cesse à la recherche du timing parfait au service de sa musique toute de lyrisme et de poésie.

Entre le pianiste féru d’harmonies classiques et le contrebassiste également amateur de grooves contemporains, l’énergie circule en courant continu et l’inspiration est toujours au rendez-vous. Enregistré en une poignée d’heures dans le très réputé studio de la Buissonne, près d’Avignon, Celebration en est la preuve ultime, tant la musique semble couler naturellement, avec une assurance qui semble exclure tout effort. Chacun a apporté trois thèmes de son crû, complétés par deux standards (dont une délicieuse version de The Nearness of You) ainsi qu’une composition commune qui donne son titre à l’album où le contrebassiste se fait simultanément percussionniste. Sur ce répertoire de ballades, les deux musiciens se livrent à un dialogue mezza voce constamment inspiré, enchaînant les idées avec une fluidité déconcertante, unis comme les doigts de leurs quatre mains. C’est tout à la fois mélancolique et joyeux, mélodique et rythmé, tendre et piquant, grave et souriant, classique et moderne, réfléchi et spontané, à trois ou quatre temps voire plus si affinités, c’est relaxant et stimulant, ça parle au coeur et aux oreilles: cela s’appelle le jazz, tout simplement!